Directive oiseaux

La Directive 79/409/CEE (appelée d'une façon plus générale Directive Oiseaux) du 2 avril 1979 est une mesure prise par l'Union européenne afin de promouvoir la protection et la gestion des populations d'espèces d'oiseaux sauvages du territoire européen.

Définitions :

  • Directive 79-409 / CEE du Conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages. Elle organise la protection des oiseaux dans... (source : hegalaldia)
  • zone utilisée par les oiseaux migrateurs ou habitat d'espèces menacées (en général il s'agit des ZICO), soumise à la protection de l'habitat des oiseaux pour faciliter leur migration, leur survie et leur reproduction (source : equipyrene)

La Directive 79/409/CEE (appelée d'une façon plus générale Directive Oiseaux) du 2 avril 1979 est une mesure prise par l'Union européenne afin de promouvoir la protection et la gestion des populations d'espèces d'oiseaux sauvages du territoire européen.

Cette protection s'applique autant aux oiseaux eux-mêmes qu'à leurs nids, leurs œufs et leurs habitats. Par la mise en place de zones de protection spéciale, importantes pour la protection et la gestion des oiseaux, la directive Oiseaux consacre aussi la notion de réseau écologique, en tenant compte des mouvements migratoires des oiseaux pour leur protection et de la nécessité d'un travail transfrontalier.

Contenu de la Directive

La baie du Mont Saint-Michel en France, désigné ZPS en 1990.
La baie du Mont Saint-Michel en France, désigné ZPS en 1990.

La Directive Oiseaux estime que, compte tenu des menaces que subissent un grand nombre de populations d'espèces européennes d'oiseaux sauvages, les états membres de la communauté doivent engager des mesures visant à conserver "toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen" (article premier de la directive).

Pour les espèces d'oiseaux plus particulièrement menacées, listées à l'annexe I de la directive, les états membres doivent créer des zones de protection spéciale (ZPS). Des mesures, de type contractuel ou réglementaire, doivent être prises par les états membres sur ces sites afin de permettre d'atteindre les objectifs de conservation de la directive. Ces sites, avec les zones spéciales de conservation (ZSC) de la directive habitats faune flore, forment le réseau européen Natura 2000 de sites écologiques protégés.

Concernant la chasse, la directive reconnaît le droit de chasse sur les espèces dont l'effectif, la distribution et le taux de reproduction le permet, "pour tout autant que des limites soient établies et respectées (... ) et que ces actes de chasse [soient] compatibles avec le maintien de la population de ces espèces à un niveau satisfaisant. " La liste des espèces autorisées à la chasse est donnée en annexe II (la partie 1 donne la liste des espèces autorisées à la chasse dans toute l'union, et la partie 2 celles autorisées uniquement dans certains pays. )

Pour les espèces d'oiseaux visées par la directive, sont interdits la destruction des individus mais également des nids, des œufs et des habitats, la vente et le transport pour la vente d'oiseaux vivants ou morts ou de toute partie obtenue à partir de l'oiseau. Une certaine souplesse est admise pour certaines espèces, listées à l'annexe III.

La directive propose aussi aux états membres d'encourager la recherche à des fins de gestion, de protection et d'exploitation raisonnée des espèces d'oiseaux sauvages du territoire européen. Une liste de thèmes particulièrement importants est énumérée en annexe V.

Afin de surveiller la bonne transposition de la directive, il est prévu que chaque état membre devra apporter un rapport d'application à la Commission européenne, tous les trois ans à compter de sa mise en application. Cette dernière a d'ailleurs déjà eu à poursuivre cinq états (Finlande, France, Grèce, Irlande et Italie) ne lui ayant pas transmis ce rapport comme ils étaient tenus de le faire avant le 1er octobre 1999, pour la période 1996-1998.

De plus, afin de pallier le manque de connaissances et l'évolution des phénomènes biologiques mis en jeu, la directive institue dans son article 16 un comité pour l'adaptation de la directive au progrès technique et scientifique. Ce comité, dénommé ORNIS, est composé de représentants des États membres et présidé par un représentant de la Commission.

La directive Oiseaux à travers la communauté

En 2006, le baromètre de l'application de la directive oiseaux, publié dans la lettre d'information Natura 2000, présentait les résultats suivants pour les 25 états-membres de l'Union européenne :

avancement de la désignation des ZPS dans les états membres de l'union européenne (source : lettre Natura 2000 n°20, mai 2006)
nombre de sites superficie totale (km²) superficie terrestre (%) nombre de sites maritimes superficie maritime (km²)
Pays membres
Allemagne Allemagne 551 47.841,4 8,9 14 16216,9
Autriche Autriche 94 9.275,5 11,1 0 0
Belgique Belgique 229 2.964,4 9,7 0 0
Chypre Chypre 2 107,9 1,9 0 0
Danemark Danemark 113 14.708,9 5,9 59 12.173
Espagne Espagne 512 92.377,5 18,2 20 574
Estonie Estonie 66 12.160,8 12,8 26 6.394,3
Finlande Finlande 452 28.372,7 6,8 65 5511,3
France France 201 16.944,7 2,7 52 2.225,3
Grèce Grèce 151 13703,2 10,1 4 405
Hongrie Hongrie 55 13.519,1 14,5 0 0
Irlande Irlande 131 2.814,8 2,9 66 810,4
Italie Italie 503 24.864,9 8,1 13 396,2
Lettonie Lettonie 73 5.286,3 7,8 1 171
Lituanie Lituanie 97 6.751,4 9,6 4 519,5
Luxembourg Luxembourg 12 139,2 5,4 0 0
Malte Malte 6 7,6 2,4 0 0
Pays-Bas Pays-Bas 77 10.109,3 12,5 7 4.912,5
 Pologne 72 33.156,3 7,8 3 8794,5
Portugal Portugal 50 9.956,4 10,1 10 622,1
République tchèque République tchèque 38 6936,2 8,8 0 0
Royaume-Uni Royaume-Uni 258 14.967,2 5,8 3 710,4
 Slovaquie 38 12.294,8 25,2 0 0
Slovénie Slovénie 27 4.655,9 23 1 2,9
Suède Suède 509 28.647,8 6,2 107 3.016,6
Union Européenne 4.317 412.564,3 8,9 455 63.455,7

Les nouveaux états membres avaient pour obligation de désigner des ZPS et de proposer des SIC à la date de leur entrée dans l'Union (1er mai 2004). Ils ont tous soumis leur liste et l'évaluation est en cours.

Les problèmes d'interprétation en matière de chasse

La chasse, selon les dispositions et considérants de la directive, est envisagée comme "une exploitation acceptable" des espèces d'oiseaux, et la directive en elle même ne soulève pas de difficultés spécifiques. Aucune date n'est clairement indiquée pour les périodes d'ouverture ou de fermeture de la chasse. Elle rappelle seulement que les états doivent veiller à ce que "les espèces auxquelles s'applique la législation de la chasse ne soient pas chassées au cours de la période nidicole ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance. Lorsqu'il s'agit d'espèces migratrices, ils veillent surtout à ce que les espèces auxquelles s'applique la législation de la chasse ne soient pas chassées pendant leur période de reproduction et pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification. "

En revanche, les problèmes rencontrés pour la mise en œuvre de la directive sont peu à peu apparus quand la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) a donné de ces dispositions une interprétation excessivement restrictive, en introduisant des notions (protection complète, confusion, dérangement... ) qui ne sont pas originellement mentionnées par la directive.

Royaume-Uni

Vue de la colline de Rùm depuis le mausolée Harris
Vue de la colline de Rùm depuis le mausolée Harris

La directive oiseaux ne précisant pas de critères spécifiques pour la désignation des ZPS (SPA pour Special Protection Areas en anglais), c'est le Joint Nature Conservation Committee, avec le soutien des agences nationales de conservation (Countryside council for Wales, English Nature, Scottish Natural Heritage et Environment and Heritage Service in Northern Ireland) et du gouvernement britannique qui a réalisé le SPA Selection Guidelines for the use in the UK.

Les trois premières SPA du Royaume-Uni ont été classées le 31 août 1982 selon les recommandations de ce guide méthodologique. Il s'agit des trois sites suivants :

Vers le milieu des années 1990, le gouvernement britannique a commandé au JNCC une revue de la totalité des SPA désignés au Royaume-Uni. Ce processus d'inventaire a abouti à la réalisation de ce qui est communément appelé le SPA Review [1]. Un groupe de travail a ensuite été formé par le gouvernement, le SPAR SWG (Special Protection Æras & Ramsar Scientific Working Group) afin d'élaborer une stratégie de développement du réseau de SPA.

France

L'application de la directive en France a en particulier été rendue difficile en ce qui concerne les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse aux oiseaux migrateurs ainsi qu'aux oiseaux d'eau, et fait encore débat à l'heure actuelle.

Le réseau de Zones de Protection Spéciales (ZPS)

Dès 1988, la Cour de Justice des Communautés européennes (qui est chargée d'interpréter les textes européens et de sanctionner leur éventuelle violation par les états membres) a conclu au manquement de la France à ses obligations de transposition des dispositions de cette directive dans la loi française. Après avoir pris un retard alarmant, dénoncé par la commission européenne [2], l'état français a pris des dispositions afin de combler son retard.

Ainsi, au 30 avril 2006, le réseau français de sites Natura 2000 comprenait 367 zones de protection spéciales, contre 117 en 1986, pour une superficie totale de 4 477 962 ha (source : site web Natura 2000 du Ministère de l'écologie et du développement durable français).

En 18 mois, la France a transmis un nombre de dossier à la commission se traduisant par un accroissement de la surface du réseau de + 167% au titre de la directive Oiseaux. Cet effort considérable autorise la France de présenter, au 30 avril 2006, un réseau cohérent au regard des enjeux de sauvegarde de la biodiversité de son territoire, comme elle s'y était fermement engagée auprès de la Commission européenne.

Les ZPS concernent essentiellement des sites littoraux et côtiers (Corse, Bretagne), des zones humides (Arcachon, la baie du Mont Saint-Michel, les basses vallées angevines, etc. ) et les espaces protégés en haute montagne. Les autres milieux (forêts, tourbières, milieux bocagers, plaines céréalières) sont en revanche très peu représentés.

Avec les Zones Spéciales de Conservation de la Directive habitats, le réseau des sites Natura couvre 6 496 917 ha (hors milieux marins), soit 11,83% du territoire métropolitain.

Le débat des dates de la chasse

Face à la pression du lobby des chasseurs, la méthode qui a prévalu pour le gouvernement a été de mettre en place un système de fermeture échelonnée par espèce. Ce système a néenmoins été jugé incompatible avec les objectifs de la directive par le parlement européen, lors d'une consultation du 15 février 1996. Le rapporteur, Mme Van Putten, préconise d'ailleurs de durcir la Directive Oiseaux, surtout son article 7 paragraphe 4, en imposant la fermeture de la chasse au plus tard le 31 janvier. Mais cela allant contre le principe de subsidiarité de l'Union européenne, les chasseurs rétorquent qu'il est nécessaire de prendre en compte les différences entre pays : de la Norvège au sud de l'Espagne, de la Laponie à la baie de Somme, les saisons et les mouvements migratoires ne sont pas les mêmes.

Cependant, cette date limite du 31 janvier refait surface quelques années plus tard, lors de la commande, le 12 mars 1999, par la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement Mme Dominique Voynet, d'une étude sur les dates de migration et de nidification des oiseaux d'eau et des oiseaux migrateurs en France. Le but était de parvenir à éclaircir la situation et d'essayer d'obtenir un consensus avec les chasseurs, grâce à des données scientifiques. Un groupe de travail est formé autour du Professeur Jean-Claude Lefeuvre, Directeur de l'Institut d'Ecologie et de gestion de la biodiversité et chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et son groupe de travail (rapport en téléchargement sur cette page). Les conclusions principales de ce rapport (consultables ici) sont les suivantes, pour ce qui nous intéresse ici :

Les recommandations de ce rapport ont fait grand bruit [3] auprès des chasseurs et de l'ONCFS, mais également auprès de certains scientifiques extérieurs au débat. Ainsi, pour conclure sur la période optimale de protection du 31 janvier au 1er octobre, ce rapport a, en effet, fréquemment tenu compte du comportement d'individus atypiques, ce qui le distingue profondément du rapport du comité ORNIS qui prend soin de préciser que "les données extrêmes, isolées et fluctuantes ont été exclues à cause de leur caractère incertain et parce qu'elles tombent en dehors des modèles de variation annuelle et intra–annuelle normaux". Selon le professeur Herby Kalchreuter, dont les travaux sont mondialement reconnus : "Ces conclusions ont été établies sur la base d'une recherche bibliographique très sélective et biaisée, conjuguée à une mauvaise interprétation des résultats des études. "

En 2006, l'affaire des dates d'ouverture et de fermeture de la chasse en France n'est systématiquement pas résolue. Les arrêtés ministériels du ministre de l'écologie et du développement durable sont régulièrement annulés par le Conseil d'État, comme ce fut le cas en 2001, puis régulièrement en 2002, l'échange s'accélérant en 2003 où 2 arrêtés de la ministre Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ont été jugés et annulés par le Conseil d'État en moins d'une semaine. [4]

L'avenir de la directive Oiseaux

En 2004, la célébration des 25 ans de la directive oiseaux s'est conclue surtout par la signature d'un protocole d'entente entre Birdlife International et la Fédération des associations de chasse et conservation de la faune sauvage de l'UE (FACE) [3] qui a marqué un tournant positif dans les relations entre ces parties prenantes jouant un rôle important dans la conservation des oiseaux.

Face à la multiplication des confrontations nées des diverses interprétations de la directive, la Commission européenne a jugé bon de mettre en place dès 2001 une initiative en faveur d'une chasse durable afin de relancer le dialogue. Ayant pour but de concilier la pratique de la chasse et la conservation des populations d'oiseaux sauvages du territoire européen, cette initiative a conduit à la rédaction en août 2004 d'un guide sur la chasse en application de la directive oiseaux. Basé sur des données scientifiques solides et dans le cadre juridique existant, ce guide a pour but de préciser l'interprétation qui doit être faite de la directive et de certains de ses articles (surtout les articles 7 et 9), mais aussi sur l'abondante jurisprudence communautaire et française.

Mais la directive oiseaux, en plus du poids des confrontations au sujet de la chasse, est accusée de ne pas s'appliquer à un territoire suffisamment large, puisqu'elle ne concerne qu'une partie du territoire des populations migratrices du paléarctique occidental (de l'Afrique de l'Ouest à la Russie). L'élargissement de l'Union de 9 à 15 puis 25 pays en 2004 tend à pallier ce manque, mais reste insuffisant.

Une nouvelle piste se dessine quant à une protection plus large de l'avifaune du paléarctique occidental. Dans le cadre global fixé par la Convention de Bonn est l'accord du 16 juin 1995, sur la Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie, dit accord ÆWA. L'Union européenne a signé l'accord ÆWA le 1er octobre 2005. C'est une avancée importante, qui devrait être reconnue comme un élément significatif par le juge communautaire et le juge national. Mais la plupart de ses dispositions forment des recommandations, plus que des obligations. Il convient de noter que l'accord ÆWA ne concerne que le gibier d'eau et non les espèces migratrices en général.

Dans le cadre de la mise en place d'une politique encore plus complète et efficace de protection et de conciliation des usages, l'exemple de l'Amérique du Nord est à cet égard très intéressant. En 1988, les États-Unis, le Canada et le Mexique ont mis en place un système de gestion commun pour les canards et les oies. Ce dispositif permet de moduler le prélèvement, espèce par espèce, pour chacune des grandes voies de migration. Un tel dispositif, s'appuyant sur un réseau efficace d'observation et d'analyse scientifique, permettrait une approche bien plus réaliste de la nécessaire conciliation de la chasse et de la conservation des espèces. L'élargissement de l'Union européenne, en étendant énormément l'aire d'action de l'Union, et en faisant de certains États cruciaux en ce domaine, tels que la Russie ou l'Ukraine, des États limitrophes, devrait faciliter largement une telle démarche.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Stroud et al. The UK SPA network : its scope and its contents, JNCC.
  2. en avril 2002, la lettre d'information Natura 2000 n°15 [pdf] de la Commission Européenne indiquait que la France était la dernière de la classe pour la désignation des ZPS, qui, malgré ses 117 sites de l'époque, ne couvraient qu'une surface de 1,6% de son territoire. "Notablement insuffisant" a jugé la commission.
  3. Reproduction d'une entrevue avec Jean-Claude Lefeuvre parue dans Libération du 3 novembre 1999 [1]
  4. On trouvera une chronologie assez complète et mise à jour de l'historique des débats sur les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse à l'adresse [2]

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