Affaire du Probo Koala

L'affaire du Probo Koala est une catastrophe environnementale survenue en Côte d'Ivoire en septembre 2006 qui a provoqué la mort de 10 personnes, 69 hospitalisés, 7000 intoxiqués.

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L'affaire du Probo Koala est une catastrophe environnementale survenue en Côte d'Ivoire en septembre 2006 qui a provoqué la mort de 10 personnes, 69 hospitalisés, 7000 intoxiqués.

Elle tire son nom du navire pétrolier qui a acheminé les déchets en Côte d'Ivoire en août 2006. Le Probo Koala, dont l'équipage est russe, est un navire pétrolier immatriculé au Panama, appartenant à une compagnie grecque et affrété par la société hollandaise et suisse Trafigura.

En août 2006, ce navire vraquier polyvalent a déchargé au port d'Abidjan 581 tonnes de déchets toxiques (un mélange de pétrole, sulfure d'hydrogène, phénols, soude caustique et de composés organiques sulfurés). Ces derniers, répandus à terre en zone de décharge et sans doutes mélangés à de l'acide, entraînèrent la mort de 10 personnes et l'intoxication de 6000 autres.

Le parcours du Probo-Koala

Amsterdam (Pays-Bas) 2-5 juillet 2006

Le 2 juillet 2006, après une traversée transatlantique, le Probo Koala accoste au quai d'Afrique du port d'Amsterdam, aux Pays-Bas. Il a jusque là déchargé une cargaison d'hydrocarbures à Algeciras, en Espagne.

La citerne à déchets étant pleine, Trafigura cherche à s'en défaire auprès de la société spécialisée Amsterdam Port Services (APS). Ces déchets seraient des slops, des résidus de fond de citerne. Plus de 500 m³ de résidus d'hydrocarbures et divers composants chimiques sont déchargés sur une barge amarrée à couple du Probo Koala. Une puanteur inhabituelle se répand, certainement due à la forte odeur d'œufs pourris du sulfure d'hydrogène (H2S). La police des services d'environnement de la ville et les autorités portuaires interviennent.

Trafigura, l'affrèteur du navire, est tenu de faire retraiter les résidus par une entreprise de retraitement agréée et mondialement reconnue, le retraiteur Amsterdam Port Services (APS).

Le retraiteur, la société APS remarque, lors de tests en laboratoire, que les substances ne correspondent pas aux informations données par le donneur d'ordre. Selon le directeur d'APS, il s'ensuit une négociation sur le prix qui n'a pas abouti. Les discussions durent deux jours. Trafigura refuse la décontamination, jugée trop longue et trop coûteuse : APS demande 1 000 euros le m³ puis 750 euros le m³. À cela s'ajoutent une journée d'immobilisation supplémentaire au port, soit un coût de 35 000 dollars, et une journée de location du navire, soit un coût de 250 000 dollars.

À Londres, Paul Duncan, directeur de la logistique de Trafigura, décide de recharger les déchets sur le Probo-Koala, ce qui, selon APS, ne s'est jamais produit jusque là.

Les résidus, qui avaient entre-temps été transbordés sur une barge, sont rechargés sur le Probo Koala. L'opération ayant dégagé une forte puanteur du fait de la présence de fortes quantités de sulfure d'hydrogène (H2S), le Ministère public de La Haye a fait ouvrir une enquête sur d'éventuelles transgressions des règles environnementales.

Les services de l'environnement d'Amsterdam ont tenté de faire immobiliser le navire mais se sont heurtés à l'administration nationale. APS et les services chargés de l'inspection des navires laissent le tanker faire route vers l'Estonie, puis le Nigeria et la Côte d'Ivoire. Ils gardent 16 tonnes de déchets aux fins d'analyses et de garantie. La seule injonction faite est de décharger les déchets "au port suivant", sans s'assurer que celui-ci possède les installations ad hoc.

La justice néerlandaise enquête sur les conditions dans lesquelles les autorités portuaires ont laissé partir ces déchets. En effet, si les autorités du port considéraient qu'il s'agissait de déchets toxiques, ceux-ci étaient dans ce cas soumis à la convention de Bâle qui impose un visa d'exportation. Selon les enquêteurs, les déchets du Probo-Koala n'étaient pas des eaux usées tirées du nettoyage du tanker, mais bien des déchets chimiques.

Un fonctionnaire de la ville d'Amsterdam, chargé de la surveillance de l'environnement à la mairie d'Amsterdam a été inculpé pour avoir délivré l'autorisation de complaisance qui a permis au Probo Koala de repomper ses déchets, pratique inhabituelle, et de quitter Amsterdam.

Le Parlement néerlandais a demandé des comptes à Pieter van Geel, le Secrétaire d'État auprès du ministre du Logement, de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement des Pays-Bas.

Références

Paldiski (Estonie) 9-13 juillet 2006

Après son escale néerlandaise, le Probo-Koala se rend en Estonie pour charger de l'essence destinée in fine au Nigeria.

Lagos (Nigéria) 1er-7 août 2006

Le 1er août 2006, après deux escales aux îles Canaries ainsi qu'à Lomé (Togo), le Probo-Koala atteint Lagos (Nigeria) . Il livrerait une cargaison de pétrole. Trafigura fait une nouvelle et vaine tentative de vidange.

Abidjan (Côte-d'Ivoire) 19-22 août 2006

Paldiski (Estonie) (septembre 2006)

Références

La nature de la cargaison

Selon l'affréteur Trafigura

Selon Trafigura, il s'agit de slops, des résidus de fonds de citernes peu toxiques. La compagnie néerlandaise affirme que ceux-ci ont "une teneur toxique très faible". Les "slops" font l'objet d'une convention mondiale (Marpol), qui interdit de les rejeter en mer. Les slops sont exportables pour être retraités dans des installations adéquates. Les déchets incriminés seraient un mélange d'essence, d'eau et de soude caustique résultant du nettoyage des cuves du navire. [2]

Trafigura assure avoir communiqué aux autorités ivoiriennes la nature des déchets et dit s'être assurée au préalable de leur "élimination sûre". Trafigura a expliqué qu'il s'agissait de "slops", des déchets maritimes, des boues qui restent au fond des citernes des navires.

Le 24 septembre 2006, Trafigura a indiqué qu'elle disposait de tests indiquant la "teneur toxique très faible" de ses "eaux de nettoyage". Les résultats proviennent du laboratoire Saybolt, à Rotterdam, dont un des responsables, Jan Heinsbrœk, a émis des doutes sur les échantillons qu'il a expertisés. Selon Trafigura, "aucune trace" d'hydrogène sulfuré n'apparaît. "C'est de l'eau sale", avait-on dit aux chauffeurs des citernes qui déverseront le produit dans Abidjan.

Cependant, après avoir nié pendant deux mois la toxicité des déchets déversés à Abidjan, le directeur financier et co-fondateur de Trafigura Eric de Turckheim a reconnu qu'une opération de transformation de naphte avait bien eu lieu à bord du Probo Koala, en pleine mer, quelques semaines avant le désastre. [2]

Dans un reportage de l'émission «Complément d'enquête» qui avait pour thème «Déchets toxiques : la bombe écologique», diffusée le 12 février 2007 sur France2, Eric de Turckheim déclarait, en pensant qu'il n'était pas filmé, que si le Probo Koala avait vidé ses cuves en pleine mer, on n'aurait jamais entendu parlé de Trafigura dans cette affaire...

Selon les enquêteurs néerlandais

Trois enquêtes sont ouvertes aux Pays-Bas : le parquet, la ville d'Amsterdam et le ministre des transports tentent de déterminer dans quelles circonstances le navire a pu quitter le pays alors que ses soutes ne contenaient probablement pas que des résidus issus d'un nettoyage.

Les analyses révèlent que les déchets se présentaient sous deux phases. La phase aqueuse était formé majoritairement d'une solution d'hydroxyde de sodium (soude) à 10%. Elle contenait des thiols (mercaptans), des phénols et de l'hydrogène sulfuré. La phase organique était formée de naphte (oléfines, paraffines et hydrocarbures aromatiques) et contenait des disulfides.

Selon une enquête du parquet néerlandais, cité le 23 septembre 2006 par le quotidien néerlandais de centre gauche De Volkskrant, le Probo Koala aurait raffiné en pleine mer du pétrole brut, en mélangeant soude et naphta. En mai et juin 2006, le Probo Koala aurait pu transformer 70 000 tonnes de pétrole brut en essence, en pleine mer. Selon De Volkskrant, le Probo Koala a reçu trois cargaisons de 28 000 tonnes de naphte en provenance des États-Unis.

L'opération de transformation consistait à libérer le soufre contenu dans le naphte avec substances dérivées de la soude et d'une substance adjuvante, un produit catalyseur utilisé dans les raffineries, appelé ARI-100 EXL. L'essence ainsi produite n'est pas exempte de soufre et ne pouvait par conséquent être commercialisée en Europe. Elle pouvait, en revanche, l'être en Afrique (Le navire s'est rendu au Nigeria début août 2006). Ce sont les 70 tonnes de résidus de l'opération qui auraient été déchargé en Côte d'Ivoire.

Cette manipulation aurait généré un bénéfice de 8 millions de dollars (5,5 millions d'euros) pour Trafigura, qui a jugé ces informations "totalement incorrectes". Ce raffinage sauvage aurait formé des déchets très toxiques, dont 72 tonnes de résidus soufrés (Le Monde des 24 et 26 septembre 2006).

Cette hypothèse, une réaction chimique incontrôlée, est corroborée par des analyses effectuées aux Pays-Bas sur des échantillons recueillis à Amsterdam le 3 juillet 2006 par le Centre national d'information sur les empoisonnements. Outre la présence d'oxyde de soufre, le document note la présence d'"un résidu qui apparaît lors du raffinage de pétrole brut".

Après avoir nié pendant deux mois la toxicité des déchets déversés à Abidjan, Eric de Turckheim a reconnu qu'une opération de transformation de naphte avait bien eu lieu à bord du Probo Koala, en pleine mer, quelques semaines avant le désastre[3].

Selon l'ONU

Selon un rapport de l'ONU, les déchets contiennent de l'hydrogène sulfuré, qui en quantités importantes peut être mortel. Un expert des Nations unies a affirmé que le déchargement de ces produits formait clairement une infraction aux lois mondiales sur le traitement des déchets toxiques. [3]

Les experts qui ont analysé les déchets pensent avoir détecté du sulfure d'hydrogène, qui peut être mortel à forte concentration.

Les suites

Côte d'Ivoire

Jugement en Côte-d'Ivoire

Sur le plan judiciaire, sept ivoiriens et un nigérian ont été arrêtés à ce jour par les autorités ivoiriennes.

Le procès s'est ouvert à Abidjan 29 septembre 2008. Aucun membre de l'affréteur Trafigura n'a été mis en examen ou jugé. [4]

Enlèvement

L'enlèvement devait débuter le 17 septembre 2006 sous la houlette de la société Trédi, filiale du groupe français Séché environnement, spécialiste du traitement des déchets.

Trafigura

Données chimiques

La production d'hydrogène sulfuré avec cette composition là n'est possible que par addition électrophile des mercaptans sur les cycles aromatiques : [5]

Or, cette réaction n'est possible qu'en milieu acide, puisqu'elle se déroule selon le schéma réactionnel suivant : [6]

Puisque la présence de la phase aqueuse basique interdit a priori cette réaction, il a fallu que les déchets soient acidifiés, soit par un apport extérieur, soit par le biais d'une autre réaction, entre les mercaptans : [7]

Cette réaction nécessite, quant à elle l'apport d'un oxydant.

Références

Notes

  1. Vidéo sur DAILYMOTION
  2. Article de Libération
  3. Article de Libération
  4. L'affréteur est le grand absent du procès du "Probo-Koala", Le Monde, 30 septembre 2008
  5. Communiqué de presse du 24/09

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"Le Probo Koala"

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